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Mardi 4 mars 2 04 /03 /Mars 01:28

Il n’y a que moi. Moi et elle. Elle, qui se dresse fièrement sur la toile blanche.

- Monsieur, le musée va fermer ses portes.

Alors voilà plus de trois heures que je suis assit devant elle ? Elle, c’est cette peinture. Ce visage froid peint sur une toile blanche, ce visage sans expression qui me fascine tant.

- Laissez, je le raccompagne.

La voix de l’homme c’est élevée dans l’immense salle principale du musée, une voix aussi froide et sans expression que la peinture, une voix qui me fit frémir. Je me retourne vers l’auteur, il me sourit, mais ce sourire est semblable a sa voix : éteint et sans joie.

Le gardien nous laisse, nous nous dévisageons.

- Qu’admirez vous, sur cette toile ? Demanda l’homme, sans lâcher mes yeux.

- Elle est sublime !

- Vous trouvez ?

- Oui, pas vous ?

- Non, je la trouve froide, sans intérêt. Les couleurs ne reflètent pas du tout les expressions, les contours sont maladroits, et je ne parle pas du reste.

- Vous êtes bien critique …

- J’en suis l’auteur.

- Pardon ?

Ses lèvres se ré-étirèrent dans le même sourire, cependant plus ironique. Je continuais d’admirer son visage parfait, sa peau d’une extrême parleur, ses cheveux dorés lui arrivant aux épaules et surtout son regard bleu et froid mais néanmoins si étincelant.

- Vous aimez vraiment ?

- Oui.

- Venez.

Il me tend une main, je m’approche de quelques pas pour la saisir. J’effleure ses doigts, je frissonne. Comme si je l’avais toujours connu, comme si ces mains avaient déjà parcouru mon corps, comme si lui, m’avait déjà touché jusqu’au plus profond de mon être.

Il me ramena vers lui d’un geste, mes yeux sont toujours rivés sur les siens, mon cœur bat la chamade, et moi, je tremble.

- Je voudrais vous montrez … Seriez vous d’accord pour me suivre ?

J’acquiesce rapidement, le laisse m’emmener ou bon lui semble.

Je le suis de près, ma main toujours dans la sienne. Nous sommes montés dans un bus, je serais incapable de dire lequel, puis nous sommes arrivés devant un immeuble. Il m’a fait monter dans 3 étages, peut-être 4, puis il a ouvert la porte d’un loft magnifiquement aménagé. Il m’a fait passer dans toutes les « pièces » pour arriver devant une porte qu’il ouvrit vite. Il me tira a l’intérieur, puis alluma la lumière.

Nos doigts sont toujours enlacés, je tremble toujours. Il s’avance vers une drap recouvrant une immense toile, puis me la dévoile. Magnifique. Des couleurs qui fusionnent, des longs traits qui s’envolent tout en dessinant un visages endormi, mon visage. Je le regarde sans comprendre, il me sourit encore, il me prend dans ses bras, je me perd dans son odeur.

- Je te cherchais … Me murmura t-il.

- Tu me … cherchais ?

Il me sert plus fort contre lui. L’avais-je déjà rencontré ? Non …

- Je pense a toi, depuis des jours …

- Qui es tu ?

Il ne me réponds pas, m’enlace toujours de ses bras puissants.

- Tu vas me trouver bizarre, mais je ne t’ai jamais vu, en vrai. Dit-il.

- Pardon ?

- Je rêve de toi, je t’ai en permanence dans ma tête.

Je ne dit rien, l’invitant a continuer, totalement perdu.

- Depuis un bon bout de temps, je fais un rêve étrange, je fais l’amour a un homme, je vis avec lui, grâce a lui. C’est de toi dont je rêve.

- Tu rêves de … moi, sans même me connaître ?

- Je te connais plus que tu ne le pense. Je suis né pour t’aimer …

Je suis retourné, heureux et sous le choc. Je me met alors a fredonner :

- Toi, moi, sur nos corps enlacés un drap glacé. Tu vis pour moi, je vis pour toi mais je ne te connais pas …

Il se détache un peu de moi, sans desserrer ses bras.

- Quoi ?

- C’est une chanson que j’ai dans la tête … depuis des jours.

Je lui sourit, lui aussi. Il m’embrasse, je me laisse faire, je m’abandonne à lui.

Il ouvre ma chemise, puis me l’enlève. De même pour mon pantalon. Il descend le long de mon torse, le découvre de sa langue. Nous nous retrouvons nus l’un contre l’autre, allongés sur la moquette grise de son atelier. Il me caresse, me murmure les mots d’amour qu’il a toujours voulu me dire. Il me fait l’amour avec la plus grande tendresse qu’il est possible d’avoir, il m’embrasse encore et encore. Je me sens planer, dans ses bras, lui qui bouge à l’intérieur de moi. Des larmes de bonheur coulent le long de mes joues, il me les effaces de sa langue.

Ainsi, dans la pénombre de la nuit, deux corps s’enlacent, se touchent, vont et viennent au rythme de l’amour qui les unis. Toi. Moi.

Maintenant des années plus tard, je reste assis devant ce tableau de moi que tu as peint. Comme tous les soirs tu rentres, tu me prends dans tes bras, tu m’embrasses. Nous faisons l’amour, nous nous endormons l’un contre l’autre, devant ce tableau qui nous a vu nous unir pour la première fois.

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