CHAPITRE 11

 

 

Aidan tourna enfin la clef dans la serrure de leur appartement. Il trouva Devan assit sur le canapé en train de regarder la télé. A la vue de son amant, celui-ci se leva et alla le retrouver.

 

-          Aidan, t’étais ou ?

-          Devan, je dois te parler.

-          Oui ? Demanda le brun, inquiet.

-          Je …

-           … ?

-          Je … je veux qu’on se sépare.

 

Devan tressaillit devant la révélation. Il dit néanmoins :

 

-          Et je peux savoir pourquoi ?

-          Jukka et moi … Nous sommes de nouveau ensemble.

-          Oh. Murmura Devan, essayant de retenir ses larmes.

 

Devan s’en alla alors vers le canapé, pour reprendre sa place.

 

-          Tant mieux pour vous, je m’en fiche complètement.

-          Devan …

-          T’es qu’un enfoiré, Aidan !

-          Je suis désolé.

-          J’en ai rien à foutre de tes excuses ! Je …

 

Aidan s’avança vers Devan, qui n’était toujours pas assit.

 

-          Devan, pardonne moi. Je l’aime, lui aussi depuis tellement de temps …

-          Et moi alors ? Je t’aime depuis toujours, et tu le sais …

Devan fondit alors en larmes, puis se blotti dans les bras de son ex amant, tout en martelant son torse de coups de poing.

 

-          Pourquoi tu me fais ça, Aidan ?! Pourquoi … Je t’aime plus que lui ne pourra jamais t’aimer …

-          Moi aussi, je t’aime Devan, mais je ne peux pas me passer de lui.

-          Pourquoi tu m’as fait espérer ?! T’es qu’un putain d’égoïste, quand il était pas la, tu te servais de moi ! J’ai toujours été la pour toi, je t’ai donné tout ce que j’avais, pour que tu fiches tout en l’air à cause de cet abruti qui ne t’aimera jamais comme tu le veux !

-          Ne dis pas n’importe quoi, Devan ! Jukka m’aime autant que je l’aime !

 

Devan se détacha de l’homme qu’il aimait, totalement abattu, les yeux rouges.

 

-          Oui, tu as raison, il t’aime ! Tout est beau ! Et tu sais quoi, j’vais pas me rendre malade pour toi, t’en vaut pas la peine ! T’es qu’une pute, Aidan. Et j’espère que tu te rendras compte rapidement que j’ai raison, sur le soit disant homme de ta vie ! Tu vaux rien, lui non plus. Finalement, vous allez très bien ensemble.

 

Aidan accepta les insultes sans rien dire. Après tout, Devan avait raison, il n’était qu’une pute. Un vulgaire chien qui cherchait un nouveau maître. Il alla dans leur chambre, puis prit un sac où il mit quelques affaires. Il passa dans la salle de bain et prit son nécessaire de toilette. Lorsqu’il eu fini, il se dirigea vers Devan, qui était dans la cuisine.

 

-          Devan ?

-          …

-          Je crois qu’il est préférable que je parte quelques temps …

 

Devan, qui cherchait dans un placard en dessous de l’évier, claqua brusquement la porte du meuble, puis se retourna vers Aidan, et dit :

 

-          C’est ça, casse toi ! Va te faire foutre, et je ne te dirais pas par qui, tu le sais très bien.

-          Devan, excuse moi … Murmura Aidan, tout en claquant la porte de l’entrée.

 

Devan regardait Aidan passer la porte de leur appartement, pour la dernière fois peut-être. Il s’appuya contre l’évier, et finit par se laisser tomber le long du meuble. Une fois à terre, il ne put retenir ses larmes, et sanglota, recroquevillé sur lui-même. C’est alors que commença pour Devan le début d’une spirale infernale …

 

 

Chez Jukka, on frappait avec insistance sur la porte d’entrée. Jukka ouvrit la porte sur un Aidan au visage livide, blanc comme un cadavre.

 

-          Aidan ?

-          Je lui ai dit …

-          Rentre, mon ange.

 

Aidan suivit Jukka, ils allèrent au salon, puis se posèrent sur le canapé.

 

-          Raconte moi …

-          Je lui ai dit …

 

Des larmes coulèrent sur les joues du châtain, Jukka le prit dans ses bras, et le consola comme un enfant.

 

-          Jukka, je ne veux pas qu’il me haïsse !

-          Laisse lui le temps, il comprendra.

-          Non … Il … Il pleurait, il m’en veux.

-          C’est normal, il t’aime. Mais ne t’en fais pas, il rencontrera quelqu’un qui l’aimera plus que tout.

-          Mais je l’aime plus que tout ! Je ne veux pas qu’il aime quelqu’un d’autre.

-          Aidan, tu as bien fait. Tu n’aurais pas pu le tromper.

-          Oui, je sais …

 

Jukka sera plus fort son amant contre lui, le berçant doucement. Aidan finit par s’endormir dans les bras de son amant, des remords plein le cœur.

 

Quelques heures plus tard, à l’autre bout de la ville.

 

-          Alors, mon mignon, t’en veux ?!

 

Devan ne prit même pas la peine de répondre, et continua son chemin au travers des ruelles qui jonchaient le mauvais quartier de la ville. Pourquoi « mauvais » ? Parce qu’ici, les gens venaient acheter de la drogue, des armes ou simplement s’adonner à des spectacles pervers et sadiques. Il s’arrêta enfin devant un bar, ou il entra. Il ne fut même pas surprit de l’ambiance qui régnait ici : des hommes qui s’embrassaient dans tous les coins, il y en avait même qui s’envoyaient en l’air, des drogués complètements stones qui prenaient une énième pilule du bonheur. Devan ne faisait même plus attention à ce qui l’entourait, il ne ressentait rien. Il voulait juste s’envoler quelques temps, histoire de ne plus penser à celui qui avait anéanti sa vie. Il s’avança vers un homme, un grand brun qui lui lançait un regard sadique. A peine arrivé devant lui, l’homme l’embrassa à pleine bouche, de façon vulgaire et sadique, dans une brutalité extrême. En un regard, l’homme avait comprit qu’il pourrait faire de Devan sa nouvelle victime. Il avança vers la bouche du jeune une pilule bleue, puis la lui fit avaler en lui tendant un verre de vodka.

 

-          Oublies tout, mon beau … Murmura le brun.

 

Quelques minutes avaient suffi. En quelques minutes, Devan voyait le monde en rose, ne pensait plus à rien, imaginait des rêves idylliques de lui. Ses jambes tremblaient, il sentait le souffle chaud des hommes dans son cou, il frissonnait. Il avait peur, mais il ne pouvait plus bouger, totalement ailleurs. Une main déboutonna son pantalon, puis le caressa.

 

-          Aidan …

 

Des larmes coulèrent sur ses joues, il se sentait nu, ballotté dans les bras des gens.

 

-          Lâchez le !

 

Devan ouvrit les yeux, puis vit Aidan qui hurlait, frappait les gens qui le touchaient. Il referma les yeux, mais il sentait toujours leurs mains l’enfleurer. Aidan n’était pas la, Aidan n’était jamais la ou il devrait être. Aidan était dans les bras de cet abruti au lieu d’être dans les siens.

-          Aidan …

-          Il n’est pas là, il ne viendra pas … Il t’as oublié …

-          Tais toi ! Tais toi ! Tais …

 

Devan sombra alors dans un sommeil profond. Lorsqu’il se réveilla, il était toujours dans le bar, a moitié déshabillé. Il ressentit une violente douleur au niveau de la joue, et leva la tête vers le miroir derrière le bar ou il était allongé. Il saignait, il avait la joue coupée. Il vit alors, sur le bar, un verre cassé.

 

-          Hey, ça va ? Demanda un homme, assit par terre.

-          Heu … Oui.

 

Devan voulu se relever, mais une fois sur ses jambes, il s’écroula. L’homme sourit, puis lui dit d’un ton rieur :

 

-          Ca fait toujours ça la première fois.

 

Devan se rappela alors tout ce qui s’était passé. Il s’était drogué, pour oublier. Pour l’oublier. Il regrettait, il avait mal.

 

-          Touche plus à cette merde. Murmura le jeune homme.

-          Non … Je …

-          T’en fais pas … Je suis passé par la.

-          Qui es tu ?

-          Viens, on va boire un café ailleurs qu’ici.

-          Ok.

 

Le jeune homme aida Devan à se relever, puis à marcher quelques minutes. Ils marchèrent quelques temps, puis s’arrêtèrent devant un café, ou ils commandèrent un petit déjeuné.

 

-          Je m’appelle Terrance.

-          Heu … Devan.

 

Terrance était superbe. Il avait les cheveux châtains clairs, des yeux bleus magnifiques, et était mate de peau.

 

-          Tu es gay, non ?

-          Oui. Avoua Devan. Comment le sais tu ?

-          Hier, tu appelais un certain « Aidan ».

-          Oh.

-          Ton ex ?

-          Oui.

-          C’est a cause de lui ?

-          Quoi ?

-          Que tu prends cette saloperie ?

-          Il m’a largué, hier. Et pour ça, je compte plus y toucher.

-          Tu as prit quoi ?

-          Je ne sais pas bien, c’est un grand brun qui m’a filé un truc bleu.

-          Drew. Un dealer. Il doit avoir besoin de renflouer les caisses, il trouve des victimes. Enfin, il t’a filé un exta, fume un paquet de clope, et ça devrait aller.

-          Merci.

-          Pourquoi ?

-          Je ne te connais pas, mais tu m’as déjà bien aidé.

-          Oh, et bien, c’est que je connais ça.

-          Tu es un drogué ?

-          J’étais.

-          …

-          Il s’appelait Taylor, j’étais fou de lui. Et puis, un jour, plus aucunes nouvelles. Alors j’ai fait comme toi. Sauf que moi ça m’a prit des années pour m’en sortir. Je ne veux pas que ça arrive à d’autres à cause de ces putains de salauds.

-          Il devrait y avoir plus de gens comme toi.

-          Merci. Dis moi …

-          Oui ?

-          On pourra se revoir ? De temps en temps.

-          Heu …

-          Je ne parle pas de sortir ensemble, juste se voir, pour discuter.

-          Oh, oui si tu veux. Tiens, mon numéro.

 

Devan écrivit sur une serviette son numéro de portable, puis la tendit à Terrance.

 

-          Merci. Bon, tu m’excuses, je dois aller bosser.

-          Ok, a bientôt.

 

Terrance se leva, après avoir payé, puis sortit du café, Devan fit de même quelques minutes plus tard.