CHAPITRE 4
« Comment j’ai pu bander pour un gars ? Moi … Je peux pas être gay, c’est impossible … »
« Pourquoi tu t’entête à renier ? T’avais envie de ce mec, non ? »
« Non, pas du tout … »
« En tout cas t’as bandé juste en l’embrassant ! »
« C’était mon premier baiser, normal que je … »
« Justement, comme tu le sais si c’est le premier ?! »
Emet s’allongea sur son lit, dépité.
« Met, c’est pas possible que je sois gay … »
« Pourquoi ce serait impossible ? »
« Parce que le fait d’imaginer un homme en enculant un autre me dégoûte »
« Y’a qu’un seul moyen de savoir, c’est d’essayer ! »
« Tu veux que je me fasse sodomiser ? T’es fou ou quoi ? »
« Tu pourrais essayer tout seul … enfin, avec moi ! »
« Comme veux tu que je te fasse l’amour, t’as pas de corps ! »
« On peut très bien faire l’amour quand même, il suffit que tu te laisses aller … »
« Je ne veux pas faire ça, Met ! »
Emet se tourna sur le coté, puis attendit la réponse de Met, qui ne vint pas. Apparemment, celui-ci avait décidé de bouder, ce qu’il faisait souvent.
Emet n’osa même pas lui parler, et finit par s’endormir, perdu dans ses pensés.
Le lendemain, Emet ouvrit un œil et regarda son réveil. Il se leva d’un bon en voyant l’heure affichée : 9 heures 10.
« Putain, Met ! Pourquoi tu ne m’as pas réveillé ?! »
Il ne reçu pas de réponse et se souvint que sa moitié avait décidé de faire la gueule.
Emet attrapa ses vêtements au hasard dans sa penderie, puis enfila en vitesse les vêtements et une paire de converses grises. Il sortit de chez lui, après avoir prit sa besace qui traînait encore dans l’entrée. Il courut vers son lycée et vit les portes fermées. Il attendit alors la prochaine ouverture, un quart d’heure plus tard.
Après être entré, il se dirigea directement vers ses amis.
- Emet, t’étais passé ou ? Demanda Enéa.
- Peut-être qu’il se tapait une jolie demoiselle ? Répliqua Gaël.
Emet rougit en repensant au baiser échangé avec Yan la veille, mais répondit, le plus normalement possible :
- Nan, panne de réveil ! –Tout en accentuant le mot « réveil » pour faire comprendre à Met qu’il le visait-
Celui-ci continuait à bouder, ignorant les appels d’Emet qui commençait à s’impatienter.
« Met, arrête de faire la tête … Je te parie que tu sais même plus pourquoi tu boudes … »
« … »
« Met, t’as vu, ce mec là est super mignon … »
« … Pas la peine d’essayer de me faire débouder comme ça … Il est ou ce mec ? »
Emet éclata de rire, ses trois amis le regardèrent.
- T’es sur que ça va ?
- Oui oui !
Cette fois, c’était Met qui riait. Enéa et Gaël partirent en avant, laissant en retrait Yan et Emet.
- Emet, je … m’excuse pour hier, j’aurais pas du …
- Tu n’as rien fait, ne t’en fais pas …
- Ah, j’ai cru que tu m’en voulais.
- Bien sur que non !
Yan sourit, puis déposa un bisou sur la joue d’Emet qui lui demanda :
- Alors, ça avance avec « qui tu sais » ?
- Non, tu le connais …
- Laisse lui du temps, il finira par comprendre !
- J’espère …
- Il est un peu long à la détente, mais quand il s’y met, il y va à fond !
Yan écoutait son ami avec attention, cherchant sans relâche un moyen d’approcher l’homme qu’il aimait. Il avait décidé d’avouer son amour pour lui à Emet car il savait qu’il trouverait en lui un allié de choc. De plus, il n’était pas tellement proche d’Enéa. Pas qu’ils ne s’aimaient pas, au contraire ! Seulement, Yan voyait en lui un copain avec qui déconner, sortir. Et puis, surtout, Enéa et Gaël étaient proche. Trop, au goût de Yan mais il faisait comme il pouvait pour réfréner cette jalousie qui le submergeait quand le brun posait sa main sur l’épaule de Gaël, quand il lui susurrait à l’oreille des choses que Yan ne comprenait pas ou quand ils rentraient à deux le soir après les cours, et à chaque fois, Yan n’était pas invité à partir avec eux. Il s’était dit qu’ils ne lui proposaient pas car ils savaient que cela lui faisait faire un détour, du moins, il se forçait à le croire, ne voulant peut-être pas voir la réalité comme elle l’était.
- Merci, Emet …
- De quoi ?
- De m’aider …
- C’est normal !
Ils partirent alors tous deux à la suite de leurs amis déjà loin devant.
Les cours de la journée se finirent rapidement, les quatre étaient maintenant devant le portail de l’école, à discuter de leurs projets pour le soir, étant donné qu’ils n’avaient pas cours le lendemain.
- On fait quelque chose, ce soir ? Demanda Yan
- Bah, avec Nénéa, on avait prévu de se faire une soirée télé ...
Yan passa sous le surnom, et interrogea Emet du regard, de façon à lui faire comprendre qu’il fallait qu’il propose quelque chose.
- Heu … on peut tous aller chez Yan, ses vieux sont barrés ce mois ci !
- Ok, bon bah, on arrive à 19 heures, ok, mec ?! Dit Gaël, tout en prenant Enéa par le cou, afin de les diriger vers la rue à l’opposé de celle que devait emprunter les deux châtains pour rentrer chez eux.
Yan les regarda s’éloigner avec une tristesse infinie dans les yeux.
- Yan … On y va … ?
- Oui.
Ils marchèrent dix minutes et arrivèrent devant chez Yan, celui-ci demanda :
- Dis, Emet … Tu veux pas venir à 18h30 ? Je ne veux pas me retrouver seul avec les deux …
- Ok, pas de problème !
- A tout a l’heure, alors !
Emet lui fit un signe de la main, puis se retourna et continua son chemin. Yan déverrouilla la serrure et entra dans la maison. Une fois la porte refermée sur lui, il se laissa glisser le long du panneau en bois, prit sa tête dans ses bras et sanglota. Il en avait assez, il s’était confié à Emet, en sous-entendant que cela faisait peu de temps qu’il s’était rendu compte de l’amour qu’il portait au blond, mais en réalité, depuis plusieurs années, il l’aimait. En secret, se contentant de l’admirer de loin, de se comporter en ami, parfois en confident. Puis tout avait changé avec l’arrivée d’Enéa. L’Italien avait accaparé Gaël depuis la minute ou il lui avait parlé pour la première fois et depuis, Gaël ne se confiait plus à Yan, ce dernier avait même l’impression qu’ils n’avaient plus rien en commun. Alors, comme souvent, en rentrant chez lui, il pleurait. Il extériorisait sa colère, son amour, sa tristesse pour ne pas craquer devant l’homme qu’il aimait. Il avait souvent songé à lui avouer l’amour fou qu’il lui portait, mais à chaque fois, au moment de lui dire, il finissait par détourner la conversation. En réalité, il avait peur de le perdre. Il avait peur de voir briller dans ses yeux cette petite lueur d’ironie qu’il avait parfois, lorsqu’il était amusé. Et surtout, il avait peur de le voir s’éloigner de lui encore plus que maintenant.
Après avoir pleuré un bon coup, Yan se releva, puis alla se passer le l’eau sur le visage. Il alla ensuite allumer la télé, histoire d’essayer de se changer les idées.
De son côté, Emet était rentré chez lui. Durant tout le trajet, il avait parlé a Met, n’obtenant aucune réponse.
« Arrête de faire la tête, Met … »
« … »
« Met ! »
« … »
« Bon, d’accord je veux bien qu’on fasse l’amour ! »
« C’est vrai ?! »
« Oui »
« Cool, alors va dans ta chambre et enlève ton … »
« Pas maintenant, on va partir chez Yan, bientôt »
« Bon, alors ce soir ? »
« On verra »
« Mais, Emet … »
« Peut-être, j’ai dit ! »
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